« L’école est au cœur de chaque communauté et les arts devraient être au cœur de chaque école. »
Phil Castang, directeur de Bristol Plays Music (UK) est un responsable de projets culturels avec 25 ans d’expérience dans la gestion de projets musicaux, artistiques et éducatifs. Dans cet extrait de son discours de clôture en tant que modérateur de la conférence Arts et Enseignement : Nourrir la réflexion au Teatro Sociale di Como, il fait le bilan de la situation actuelle et réfléchit à une manière de rendre l’éducation artistique plus inclusive grâce à des partenariats efficaces.
Lors de mes recherches pour préparer cette conférence, je me suis rappelé l’excellent rapport de RESEO, Pourquoi l’éducation à l’opéra ? publié par Ann Laenen en 2003. J’ai constaté sans surprise que les défis décrits alors sont très similaires à ceux que nous avons évoqués dans nos débats, présentations et ateliers. Nous devons toujours faire face aux mêmes barrières : réelles ou imaginées, physiques ou psychologiques. L’accessibilité – physique, financière, culturelle – semble être un perpétuel obstacle.
Beaucoup des présentations que nous avons vues dans cette conférence sont des exemples parfaits de ce que nous faisons pour dépasser ces obstacles.
Nous savons que nos bâtiments peuvent être intimidants, que les accusations d’élitisme persistent. Nous continuons à questionner la relation entre culture populaire et culture savante et à nous demander comment surmonter les effets des choix excessifs du divertissement sur la capacité de concentration des jeunes. Ce que nous avons vu ici, dans ce magnifique Teatro, montre que nous comprenons l’importance de proposer une culture diverse et pertinente dans nos travaux, reconnaissant une société en constante évolution, en particulier aujourd’hui avec la crise des réfugiés et de l’immigration de masse.
Pourquoi l’éducation à l’opéra ? explorait déjà la valeur ajoutée à nos société et évoquait la responsabilité civique de rendre nos œuvres accessibles à tous. Lors de la conférence Ahead for Culture au Royal Opera House en juin 2015, il était demandé « comment les dirigeants à tous les niveaux, dans tous les contextes peuvent faire de l’accès à une culture et àdes arts de grande qualité un droit pour tous les enfants ? ». L’éducation culturelle reste perçue comme le privilège de certains, mais pas de tous nos enfants.
« Un agenda commun, une communication continue, des systèmes d’évaluations partagés, des activités se renforçant mutuellement. »
Enfin, le rapport de 2003 évoque l’éducation artistique à travers ses liens avec les écoles. Le rapport affirme qu’il « est aujourd’hui plus important de recevoir une bonne formation en sciences, mécanique, mathématiques, et informatique, qu’une formation artistique. » Cela vous semble familier ?
Ça l’est certainement au Royaume-Uni. Le 14 octobre, Arts Council England a lancé un « Défi de l’éducation culturelle ». Cette initiative a-t-elle été proposée en réponse aux extrêmes pressions que subirait aujourd’hui le système éducatif national ? Est-ce une mission pour préserver l’éducation culturelle au sein du programme scolaire dans les écoles parce qu’elle se trouverait aujourd’hui menacée ? Et bien, il semblerait qu’elle était déjà menacée en 2003…
Nous revenons donc à la question initiale : « à notre époque l’école constitue-t-elle le contexte idéal pour mener des activités de sensibilisation? »
L’école est au cœur de chaque communauté et les arts devraient être au cœur de chaque école. Il me semble qu’une collaboration forte entre des écoles et des institutions culturelles fonctionne sur le principe « d’impact collectif » impliquant un agenda commun, une communication continue, des systèmes d’évaluation partagés, des activités se renforçant mutuellement et une organisation pilier.
Bien sûr, nous savons que pour capter l’attention d’un public, en particulier des enfants, il faut toucher le cœur et l’esprit, passer par l’expérimentation (écouter et voir) et la participation (jouer et créer). L’école offre ce public captivé.
« Nos programmes éducatifs nourrissent l’âme et inspirent les enfants comme jamais. »
Au cours de cette conférence j’ai entendu tellement de personnes inspirantes et talentueuses nous décrire toutes sortes de techniques inventives pour éveiller, impliquer, les enfants et les jeunes au travers de la danse, du théâtre, de l’opéra ou de la musique.
Selon moi, nous faisons ce qu’il faut. Nous le faisons même très bien. Nous avons créé de multiples points d’accès à nos arts grâce à toutes sortes de programmes de découverte. Nous disposons de nombreux chemins de progression et d’environnements d’apprentissage de haute qualité, inclusifs et soucieux des talents de chacun. Nous produisons des œuvres superbes pour et avec des enfants et des jeunes, des œuvres respectueuses des cultures et accessibles à tous. Nos programmes éducatifs nourrissent l’âme et inspirent les enfants comme jamais. La technologie numérique nous offre de nouvelles plateformes et des moyens innovants pour intéresser les jeunes.
Le fait est que l’éducation artistique doit maintenant enrichir la vie culturelle des écoles, renforcer le programme scolaire, impacter favorablement les objectifs à atteindre, forger le caractère, contribuer à la bonne santé et au bien-être, et avoir un impact mesurable sur l’économie culturelle et créative. Ce n’est pas si difficile, n’est-ce pas ?
Ce que nous faisons est exceptionnel.
Phil Castang, Head of Bristol Plays Music (UK)