Le mois dernier, Karen Gillingham et Johnny Langridge, respectivement Responsable apprentissage et participation et Responsable adhésions et communication au sein de Garsington Opera, ont rejoint Omar Shahryar de RESEO pour une conversation vidéo en direct avec les membres du réseau. La conversation portait sur une thématique très actuelle : les activités éducatives en ligne.
Lorsque le confinement a commencé fin mars au Royaume-Uni, Garsington se préparait à lancer son programme scolaire Opera First, les répétitions d’un opéra participatif ainsi qu’un projet avec les hôpitaux locaux. Ces projets auraient impliqué des centaines de bénéficiaires issus de la communauté locale. « Mon premier réflexe face à la situation a été un sentiment de responsabilité envers nos jeunes et les participants à nos projets. Johnny et moi avons mis nos esprits en commun et une semaine plus tard, nous avons lancé #MondayMotivation » explique Karen.
Depuis six semaines, Garsington propose des ateliers hebdomadaires de 20 minutes autour de la chanson et du mouvement. Ces derniers sont animés par Karen, la compositrice et animatrice Hannah Conway et un artiste invité, chacun depuis son salon. Avant la crise sanitaire, Garsington travaillait depuis quelques mois sur la création d’un pack de ressources numériques. Le confinement a nécessité la mise en place très rapide de solutions innovatrices.
« En temps normal, je conçois les projets numériques comme quelque chose qui doit être peaufiné, avec une année pilote et l’intervention d’experts, mais étant donné la situation, nous nous sommes dit tout simplement, allez on y va » raconte Karen.
« Pour moi, le numérique ne peut pas remplacer les expériences « en vrai », mais si cela induit les gens à participer à quelque chose qu’ils ne feraient pas en temps normal, c’est un vrai plus » dit Karen. Garsington Opera a déjà plusieurs projets numériques innovants à son actif, dont le film à 360° Person 181 réalisé en collaboration avec la BBC et Dare to Dream, un opéra jeune public réunissant des enfants de Syrie, d’Ouganda, du Bangladesh et du Buckinghamshire.
« Nous réfléchissons à la manière dont les contenus numériques peuvent étendre ou approfondir l’impact de l’expérience en direct, plutôt que de la remplacer » poursuit Johnny « C’est vraiment intéressant de pouvoir rassembler les forces de différentes organisations et de différents fournisseurs de contenus. Les gens développent des technologies vraiment passionnantes, et nous pensons qu’il est important d’envisager des applications créatives dès le début du processus. »
À l’heure actuelle, les temps de latence rendent très difficile la collaboration entre musiciens dans différents espaces physiques. Johnny espère que la technologie à faible latence permettra de faire évoluer la situation : « J’espère vraiment que nous pourrons échanger avec la communauté gamer au sujet des technologies qu’ils emploient. Pour l’instant, on ne peut pas avoir un piano dans une ville et un chanteur dans une autre, ça ne fonctionne pas. Nous sommes en train de bâtir de nouvelles installations pour les actions éducatives et participatives. J’espère vivement que l’on pourra profiter d’un réseau à faible latence. »
« Quand vous faites un atelier avec 40 ou 50 personnes dans une salle, vous ressentez l’ambiance » explique Karen. « Avec le numérique, vous n’avez en réalité aucune idée de comment ça se passe ! ». Les participants, qui prennent part à l’atelier via la diffusion en direct sur Facebook ou Youtube, peuvent toutefois laisser des commentaires et donner leur avis. « Nous regardons les commentaires chaque semaine, ils sont pour la plupart positifs. »
La durée des ateliers fait partie des défis inhérents aux activités éducatives en ligne. Selon Karen, « un atelier numérique ne peut pas durer trois heures ou une journée entière. »
L’équipe de Garsington a eu l’idée de diffuser des vidéos préenregistrées le vendredi, lesquelles invitent les spectateurs à créer chez eux des objets avec un lien avec la session en direct du lundi suivant. « Par exemple, cette semaine, nous leur avons proposé de réaliser le décor de Carmen dans une boîte d’allumettes. C’est un peu l’équivalent du moment lors des ateliers en présentiel où l’on dit : « Maintenant vous allez prendre 10 minutes pour aller créer quelque chose dans votre coin » dit Karen.
« Je pense que chaque projet doit être envisagé différemment, avec des moyens de communication qui leur sont propres. C’est le cas avec #MondayMotivation. C’est très positif de pouvoir mettre quelque chose en avant, de partager notre travail et d’explorer nos ressentis lors des ateliers » dit-t-elle.
« J’encourage tout le monde à continuer à voir les choses en grand » dit Johnny « Les situations comme celle-ci démontrent que nous pouvons non seulement survivre, mais aussi prospérer. Je pense que nous allons être agréablement surpris par les résultats. »